....Et c’est la montée vers Tangboche où nous arrivons vers 15h30. Au sommet de la colline le spectacle est grandiose, devant nous l’Everest en partie caché par le Lhotse et Nuptse, à droite l’Ama Dablam et puis le Khantega et Thamserku. Les moines qu’ils soient lamaïstes ou chrétiens savent choisir les endroits qui incitent à la prière.

     Sur une bosse a été construit dans les années vingt, ce monastère qui est un des hauts lieux du bouddhisme mondial. Celui-ci a du être relevé deux fois : suite au séisme de 1934 qui infligea d’énormes dégâts et fit de nombreuses victimes au Népal ; et après un incendie qui le détruisit complètement en 1989.

       Après un pot pris au milieu de la place, nous allons visiter le monastère. C’est le fils de Koumar, lama dans ce monastère, qui nous le fait visiter. Il nous ouvre même le saint des saints et nous offre en guise de cadeau un peu de Tsampa que nous goûtons religieusement en sa présence pour en faire cadeau ensuite aux innombrables corbeaux qui hantent la place dès qu’il a le dos tourné. C’est pas le goût du pain bénit !

            La Tsampa, mélange d’orge grillé avec du beurre rance était vraisemblablement la nourriture de base avant l’arrivée de la pomme de terre vers 1850, car elle pouvait se conserver durant les longs mois d’hiver.

         Nous ne quittons pas le monastère sans y effectuer un don, à ce sujet nous pouvons constater qu’ils ne connaissent pas les troncs peut-être ne connaissent-ils pas non plus les voleurs de tronc ?

En sortant nous assistons à un joli coucher de soleil sur l’Everest.

(Extrait du carnet de voyage)

....Bodnath, le plus grand stupa du Népal, monumental mais attirant, lieu de rassemblement et recueillement des bouddhistes lamaïstes, Sherpas et Tibétains. Plus émouvant que Sayambounath perché sur sa colline à l’écart de la vie trépidante de Katmandou, Bodnath est au coeur de la ville. Les boutiques qui le ceinturent, en léger recul, loin d’être les marchands du temple sont la prière du peuple, cercle externe d’un mandala vivant.

           Bodnath a conservé ce que nos cathédrales ont bien souvent perdu, être au cœur de la cité., les maisons accolées à l’édifice partant parfois à l’assaut de celui-ci. Les grandes percées du 19éme ont, chez nous, bien souvent, éloigné les lieux de prière des lieux de vie.

           Le bouddhisme ici n’apparaît pas comme une religion, c’est la vie, dont tous les éléments sont en prière, l’eau, le vent faisant tourner ou flotter les drapeaux, la lumière qui dans la transparence des tissus arachnéens fait apparaître des textes sans âges, le feu des bâtons d’encens se consumant lentement. Ici pas de séparation entre le spirituel et le temporel, le recueillement se fait au milieu de la vie, des gens circulent pendant les cérémonies, parlent, mangent agitent leur moulin à prière, prennent un bain de soleil allongé sur la pelouse et écoutent distraitement la lente mélopée monocorde du Lamache, la comprennent-ils d’ailleurs ? Se laissant simplement bercé par le recto tono des versets millénaires.

           Comment, d’ailleurs, pourraient-ils demeurer concentrer durant des cérémonies de plusieurs heures voir plusieurs jours ? Nous sommes loin de nos cérémonies chrétiennes aux rites nombreux et variés dans une atmosphère calfeutrée, loin du bruit et de la fureur du monde. Cérémonies brèves, parenthèses dans notre vie pressée, à coté de notre monde matérialiste, tout à ses veaux d’or : l’argent, le pouvoir, le sexe.

            La leçon est pour nous et nous mesurons là ce que nous avons perdu au profit d’un certain confort matériel apportant un sentiment illusoire de sécurité.

           A coté du Stupa, dans une magnifique Gompa, un rassemblement bouddhiste débute, i l va durer plusieurs mois, avec tous les grands Lamache : Rimpoche, Mathieu Ricard etc...Nous ne pouvons manquer cela même s’il est midi et qu’une légère faim se fait sentir.

         Avant de pénétrer dans l’enceinte nous achetons des bâtons d’encens ce sera notre obole.

        Après le déjeuner, avec Bruno, nous retournons voir la cérémonie. Des tentes ont été dressées dans la cour devant la Gompa et la foule est nombreuse assise en tailleur regardant les écrans retransmettant la cérémonie à l’intérieur de la Gompa.